Le Vénérable
Aux urnes concassées de la dévotion inaudible,
Le Vénérable impose sa mine désuète
Du haut des marches impériales
L’hominidé est un enfant
Dont la soumission est un sucre d’orge.
Rien n’y fait : celui qui détient la loi
Protège aussi
Dans un dilemme parfois réussi.
Référence muette et obligée
Pour courber l’échine accordée
Dans la meute des humanimaux.
Pas de rébellion contre le mâle dominant.
Dans le contrepoint
De la dévotion meurtrière au père[1].
Se libérer dans la douceur du poignard
Ancré aux vertèbres sacrificielles.
Arracher ce joug qui nous enserre
Dans la moiteur des harpes fraternelles.
« Tu seras libre, mon fils »
Hé, Rudyard, dans quel charroi nous balades-tu,
Avec tes versets coraniques et anglais ?
Grimpe plutôt sur l’escabeau
De l’assomption de la paix.
D’abord, percer d’une sagaie affûtée,
L’Homme-loi qui m’apprit,
Pas à s’aider mais à céder.
Devant les mirlitons des gloires en papier.
Hiram en charpie ? Ben oui !
Ç a soulage les pattes engourdies,
En résidus cardiaques de l’automne.
Gausserie collective des Frères affectueux,
Dans le partage équivoque
Du tenace évangile meurtrier.
Ensuite, voler sans vergogne
Le membre craint et adulé de mon papa-Loi.
Pas de mirifique procès à la mode
Je le dis avec pesance, une fois encore :
« Castre-le et vole ce symbole
Aux rides érigées en bannière
De la virilité ourdie de complots. »
Usurpateur de mes tendretés rituelles,
Je cache dans l’architecte relevé,
L’outrance de mon désir d’enfant.
Avaler d’un trait le jus amer de la Loi,
Sans jusquiame ni rodomontades.
Des baisers comme des baumes
Sur la plaie de son et de sang.
Au fronton delphique,
La gravure d’une supplique :
« Meden agan »[2]
« Fais gaffe, petit Frère,
Ne farfouille pas trop les chairs.
Supprimerais-tu toute la Loi,
Tu gommerais la Force en toi ! »
Alors la Sagesse quémandera
Les pépiements de ton esprit,
Dans sa route vers la Beauté du monde inclus.
Pardonne-toi, en confuse perdition :
Brandis le membre fatal et hurle
Dans la tiédeur vaine de la Chambre du Milieu :
« Voyez et amadouez ma colère
Car le vis est en moi,
La vie aux traîneaux de la Voie
Est en moi ! »
Enfin va dans les cuvées et les tranchées,
En vainqueur-soumis et adoubé :
Le Vénérable assume, en toute inconscience,
La composition qu’il joue dans la palinodie sacrée.
Pas un chef, un responsable
Aux galons rouges et bleus,
De la bonne entente aux parfums mielleux et moelleux
En caution de l’Orateur, il veille aussi à la Loi
Vêtue de rituel, impassable, imparable.
Quand le forceps des naissances
Camouflé dans l’origan du meurtre,
Adoube les brassées jaunes de la soumission.
Dans les draperies des aurores d’iris,
Baisse la tête,
Pour un regard
Fier et doit
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[1] Dans la famille traditionnelle, c’est le père qui détient le Loi. Ou son représentant symbolique (Hiram). La mère peut participer à cette détention de la Loi, moins souvent.
[2] « Meden Agan » soit, en français « Rien de trop »