La Perpendiculaire
La perpendiculaire, c’est un pieu fiché dans la rudesse d’un terreau soporifique.
Anonne la verticale qui te soumet et t’élève.
Pour que ta mesure, sans concession,
Parvienne jusqu’aux portes de l’Orient.
Sur le fil amène du couteau, la perpendiculaire découpe,
En silence, la question horrifique du dualisme meurtrier.
La mer des symboles lèche les pieds
De l’honorifique perpendiculaire.
Elle tire à elle le tableau vagissant,
En brillantes saccades
Dorénavant, tu donnes avec le niveau, ton parèdre…
Pour qu’advienne toute chose ancrée
Dans l’élan sans retenue,
De la colonne du midi.
Le Compagnon grogne,
S’endort dans les battements
Virevoltants de la droite assumée
Dans les ricochets de ses éclats de feu.
« La liberté, c’est parvenir aux limites de son incarcération »
Qu’ils disent
Dans la pensée d’un vertugadin spécieux.
Dans la force impétueuse
De ceux et celles qui descendent
Sans corde de rappel.
La perpendiculaire ?
Pas de limites !
De quoi aliéner la pensée ronronnante
Jetée comme un piolet
Sur les bords étranges de la folie.
Pas d’embout, pas de bouts !
La perpendiculaire verticale
Arcboutée sur nos certitudes,
Nous prend la main
Et chuchote aux grottes délavées par les années :
« Monte, grimpe, saute
Vers l’infini incommensurable.
Descends, dévale, abaisse-toi
Dans les caves insues où aboient les chiens.
Comme Duke Ellington,
Dénoue tes jambes, croise les bras.
Frappe, en belle intensité,
De ton pied vengeur,
La terre.
Tu aimes ? »
« Accroche la perpendiculaire métropolitaine.
Elle secoue, vibre et ratiocine
Dans l’appel bleu des liserés mémoriels.
Sacripant, sapajou !
Oser habiller l’œuvre sacrée
De tuniques d’organdi !
Et tu ne tends pas la joue sur la verticale,
Aux ors livrés
Aux trompettes de la gloire ?
Tu te trompes, ma Sœur, mon Frère, ingère plutôt
La perpendiculaire :
Mets-toi à l’ordre et écoute :
J’aime les vastes étendues arborées.
Je porte le sceau de la verticale et de l’horizontale.
Sur la croix, Jésus lacéré
Est honni.
Mon cousin, le maillet, me saoule et me hante aux bords frangés d’un tableau dégraissé