La BOULOMIE de Jacques Fontaine

Le Delta

Équilibré dans la moiteur des regards,

Il envoie, sans conteste,

La solennité des bambous dressés ;

Aux ris impalpables de l’entrée en lumière.

 

Œil qui décline en dévalant la pente de ses rayons.

Tu dardes sur moi les désirs brouillés.

La perceuse me pénètre

Comme un lourd tapis de secrets saccadés.

 

Œil qui voit et sait tout,

De l’araignée aux entrelacs des neurones passeurs,

Aux mammouths des algorithmes

Qui écrasent nos silences enrubannés.

 

« Œil, toi, dont la cornée se déplie comme un mouchoir mouillé

Pour exulter sur l’écorce d’un bouleau,

Où es-tu ? »

« Je ne suis pas encore, répond-il,

Dans les plis d’un sourire engoncé ».

 

Œil qui veille aux lisières nébuleuses

De mon être attendri et agenouillé.

Il me réchauffe en pleine turbulence.

Œil, protège-moi sous

L’ombre tamisée des vérandas de mon mutisme.

 

Œil jeté là, arraché du corps du monde,

Aux battements de paupières

Qui m’invitent à entrer

Dans le landerneau sacré.

Au fond de moi,

Des trésors en paillettes.

 

Œil du soir

Qui caresse jusqu’à la jouissance.

Œil de la loi.

Il retient le désir éjaculatoire.

 

Cornegidouille !

Le triangle divin serait-il clin d’œil ou opportunité ?

Clin d’œil

Aux muséographies des besoins obscurs,

Aux désirs rocailleux,

À toute cette phraséologie patatante.

Conscience, fous-moi le camp !

Vole dans les sentiers de la gloire

Des philosophes incrustés dans les mots.

 

Où es-tu, tripode de la Franc-maçonnerie ?

Entre la lune et le soleil ?

Rien qu’une maladresse, un plantage de clous !

En regard de la voûte étoilée ? A l’Orient ?

Pour corporiser la fuite salvatrice,

Tumorale des planètes ?

Plus simple encore : au-dessus du Vénérable

Débusqué dans une attitude arrogante,

Pyramidale.

 

Tes rayons de lumière affalés sur l’autel,

Pour baigner le livre sacré

Nettoyé de ses souillures

Et de sa gangue historique.

Mais l’initié regimbe.

Il clôt le livre des lignes sottes.

Il geint et pleure,

Privé de socle.

 

Mon choix d’être, sans mensonge,

En balbutiante libération.

Plus de trépidation

Dans les ors du Delta !

 

Je m’assieds, premier communiant hasardeux

Sur le côté horizontal de l’imminence.

Rasséréné, je lève la tête ;

Je jette ma perruque saupoudrée

Aux valets et baronnes des colonnes.

Dans la noirceur intime du cône,

Sans saccage,

J’oublie les didascalies de mon esprit.

Plus de repères !

Je ne vois plus, je ne parle plus.

Je ressens l’impalpable linceul

De la ténèbre triangulaire.

Ma Sœur, mon Frère, plus haut, plus loin !

 

Les faces du Delta pétillent de faisceaux lumineux.

« Est-ce à dire, mon Frère, que l’œil complice

T’a fait entrer dans la sylve sacrée ? »

« Impudent !

Je chasse ta carence vierge de soleils.

Baisse la tête !

De ces brandons lumineux,

Respire, soupire et désire ! »

Tout cela dans la vanité de la réunion de

Ce qui est épars.

Le Delta hiératique te toise

Et te laisse sur la route

De ton ascension blême,

Aux grands empans

De l’Amour tri-côté.

 

Le Delta absorbe goulûment

La scène historique de vos affections,

Creuses d’avidité :

Des étoiles, des colonnes en érection, un tableau bavard,

Le midi qui joue avec le septentrion, trois piliers qui barrent le chemin,

Un autel sans fard.

« Grimpe jusqu’à lui.

Regarde, souris et ferme les yeux.

Pas de paroles…

Laisse-toi aller et va plus loin,

Toujours plus loin ! »

 

Dans l’acrimonie et l’allégeance assoupie,

Le Delta cherche la cohorte des damnés de l’initiation.


 

Alors, Frères et Sœurs, vos plis amers

Zézayent le sourire,

La vastitude vous pince en solitude.

Les portes s’ouvrent…

N’écoutez plus,

Entendez tout ! »

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